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Tu
es la troisième de nos enfants, nous t'avons souhaité
si fort que tu es arrivée très vite. Tu as grandi
en moi pendant 37 semaines, nous partagions déjà
tant de choses ensemble. (Les pots de nutella par exemple...)
Le lundi 28 novembre 1996 commençait comme chaque jour
de la semaine, je m' occupais de ton frère qui n' avais
pas encore 4 ans et de ta soeur qui venait d' avoir deux ans.
Mes journées étaient très remplies. J' ai
senti des contractions en début d' après midi mais
n' y ai pas prêté attention car elles n' étaient
pas régulières.
Vers 16h tout est allé très vite et les contractions
étaient à trois minutes d' intervalles, j' ai donc
appelé Stéphane pour qu' il vienne nous chercher
et j' ai téléphoné à maman pour lui
donner rendez vous à la maternité pour récupérer
Félix et Léa.
Tout allait très vite, nous sommes partis de la maison
vers 18 h, nous habitions à 20 kms de la clinique du parc
de CAEN mais ce jour là, les camionneurs faisaient grève
et bloquaient les routes. Ce trajet me parut interminable. Félix
et Léa jouaient derrière, faisaient du bruit alors
que nous étions coincés dans les bouchons. Moi je
criais à ton père:"Dépêche
toi,j' ai mal, je vais accoucher dans la voiture, force le passage..."
Enfin, nous sommes arrivés et je tenais mon ventre, je
te sentais, tu voulais nous voir, tu étais pressée.
Il était 19 h.
Maman est partie avec ton frère et ta soeur et nous sommes
montés dans le service où nous avons encore patienté
10 minutes, là j'ai sonné les sages femmes pour
leur prier de m'osculter: " c' est mon troisième enfant
et il arrive".
De suite je suis allée en salle d' accouchement et tu es
née à 19 h 25.
Ma Julie, mon petit bébé, face à face avec
moi et ton regard m'a transpercé... Hop! tout de suite
on t' a prise pour te peser, te mesurer...et t' habiller.
Tu mesurais 49 cm et tu pesais 3010 g.
Nous étions les parents les plus heureux du monde.
Tu étais merveilleuse, tu as pris ton pouce et tu t' es
endormie dans les bras de ton papa, que tu baptiseras par la suite
"papinou". Notre vie à nouveau changea. Plus
jamais nous ne pourrons vivre sans toi.
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Tu
grandissais nous inondant te ton amour |
Tendre
complicité avec Félix |
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Jamais
de temps mort à la maison... |
tu
rigolais bien! |
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Ton
déplacement favoris... |
avant
tes premiers pas |
Pour
tes 1 an
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Tu
montais les escaliers à "4 pattes"
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Tu
marchais à 13 mois
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Les
inséparables
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Toujours
dans les bras à câliner. |
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A
Gandia, en Espagne où habite ton grand père.
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Tu
adorais te baigner et manger du sable...
Mémé
te gardait pour faire la sieste ensuite tu venais nous retrouver
pour profiter du sable et de la mer...
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Tes
deux ans
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Noël
1998
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Tu
étais très entourée, ici avec ta Léa |
Tu
t'épanouissais, tu parlais déjà correctement,
tu étais propre à deux ans et demi. |
Tu
es notre star
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Été
1999, tu aimais faire du vélo. |
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Pour
les 40 ans de tatie Marie-Line et tonton Didier, tu étais
déguisée en Bécassine, comme ta mémé. |
Un
petit câlin de papinou au passage. |
Au
restaurant avec néné, ton grand père, Charlène
et Clémence tes cousines, Dorian ton cousin, Félix
et Léa
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Ta
première rentrée des classes.
La perspective d' aller à l' école ne t'enchantait
pas et j' ai du m'y résigner aussi, Je te laissais la
matinée, je venais te chercher pour manger et l' après
midi tu faisais la sieste à la maison.
tu
avais presque trois ans
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Au
restaurant, avec mémé et les taties... |
à
Cabourg sur la côte Normande. |
Tes
trois ans
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A
Pâques, vous partagiez tous les chocolats
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Léa,
Julie et Félix après la récolte
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Les
vacances en Aveyron, on était si bien! |
Fière
d' être entourée de ton frère et ta soeur |
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Toujours
besoin d' être rassurée
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Ta
seconde rentrée à l'école. Tu avais des
copines, Jeanne et Barbara mais tu restes très timide.
Tu viens d' apprendre que tu auras une petite soeur dans quelques
mois.
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Tes
4 ans avec Tatie Coco et tonton Thierry
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et
avec Papi et mamie
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Tes
4 ans avec ta Léa |
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Heureuses
de voir un peu de neige! Avec Léa et Poupoune, à
Saint Sylvain
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Noël
2000 |
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12
avril 2001, naissance de Margaux ta petite soeur. Nous étions
si heureux...
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Mai
2001, tu as 4 ans et demi, tu fais du vélo sans roulette.
La naissance de Margaux te fait grandir. |
En
juin pour mes 35 ans avec mes 4 amours.
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Nos
plus belles vacances, tous les six ma chérie. |
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Dans
une crêperie à Die.
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Ta
rentrée en grande section, ta dernière année
à Saint Sylvain dans le calvados alors que tu commençais
à te sentir bien...
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Le 8 octobre 2001, la petite mamie, ton arrière grand-mère
maternelle nous quitte elle allait avoir 100 ans. Après
son départ, tu m' as posé des questions sur la
mort, et là tu m' as dis: "maman, si je meurs je
veux être dans une boîte avec plein de coussins
" je t' ai rassuré en te disant que tu vivrais vieille
comme la petite mamie et j'étais très inquiète
que tu parles comme ça, tu n' avais pas assisté
à l' enterrement (pourquoi me parles tu d' une boîte?)
tu as du le lire dans mon regard et on a clos cette conversation.
Je n'y avais jamais plus pensé...
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Tes
5 ans
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Nous
sommes si proches...
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Février
2002, Super Besse près de chez mémé. |
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Pour le carnaval à l' école tu étais déguisée
en "gentil petit diable " |
Juin
2002, Ponpon notre chat de deux ans est mort. Tu as beaucoup
pleuré.
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Fête
des pères 2002 |
Mes
36 ans Juin 2002 |
Début
Juillet 2002, c' est au tour de Poupoune de nous quitter, elle
avait 10 ans. Encore beaucoup de larmes versées.
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La
petite histoire de papinou qui te réconfortait avant de
t' endormir. |
Fin
juillet nous sommes venus une semaine en Haute Vienne pour essayer
de trouver une maison car papinou avait un nouveau poste à
Limoges. Nous avons annulé nos vacances prévues
dans le vaucluse. Cette semaine fut pénible pour vous,
elle était ponctuée de visites de maisons mais
nous avons trouvé...
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Août
2002, Mémé fête ses 70 ans. |
Vous
faisiez le pitre avec Loulou...
Chez
nous avant notre départ
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Dans
ta chambre...
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Après
les vacances nous devions déménager pour le mois
de novembre. Vous étiez tristes de partir, angoissés
de quitter tous vos copains et copines. Nous essayions de vous
rassurer mais en vain. Nous devions vivre 4 mois dans un gîte
avant d' habiter notre maison. C' était très dur
pour tous le monde, vous n' aviez plus vos repères.
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Après
les vacances de la toussaint, tu as intégré ta
nouvelle classe à Laurière en Haute Vienne, pas
facile pour toi d' arriver en cours d' année mais ta
nouvelle maîtresse et tous les enfants t' ont bien acceuilli.
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Tu
avais eu une bombe d' équitation, tu l' avais posée
sur la tête de Margaux...Tu aimais t' occuper de ta petite
soeur. Tu lui manques...
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Tes
6 ans
Pendant
nos 4 mois en gîte, nous partions tous les quinze jours
chez mémé qui habite à 200 kms de là,
près de Clermont. Ton anniversaire tombait en semaine
et nous te l' avons fêté deux fois.
Tu
venais de commencer l' équitation, une vraie passion,
je t' avais trouvé un manège pour ranger tes bijoux.
Tu étais si heureuse...Tu es si belle ma chérie.
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Tes
6 ans chez mémé.
Elle
avait invité toute la famille et tu étais comblée
d' amour et de cadeaux, tu étais si bien avec nous......C'est
ton dernier anniversaire...
Pourquoi?...J'
ai si mal...Tu me manques trop...
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Tu
commençais à avoir des moments de grande tristesse.
Je te câlinais encore plus mais quelque chose te préoccupait..
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Ton
dernier Noël, chez mémé.
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Noël
avec ta Margaux
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Février
2003. Enfin!, nous sommes dans notre maison et tu peux jouir
d' un bon bain avec Margaux.
Quand
il y avait Julie, on voyait Margaux
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A
Super Besse
Vacances
de février tu étais partie avec Félix passer
la semaine chez mémé.
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Le
bonheur avec ton grand frère!
Et
avec mémé
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Quand
nous sommes venus vous rechercher, il neigeait. Vous étiez
super heureux...
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Une
boule de neige pour maman!
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5
avril, l' anniversaire de Papinou
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12 avril 2003, les deux ans ans de Margaux, c' est toi qui avait
allumé les bougies
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Soufflez
fort mes chéries!
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Félix
prend la photo
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En
mai 2003, mamie et papi sont venus nous voir, nous sommes allés
en Dordogne voir les grottes de Lascau
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Oradour
Sur Glane
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Nous avions profité de la visite de papi et mamie pour
faire un tour à Oradour sur Glane... Nous voulions vous
montrer la cruauté des hommes pendant la guerre. J' ai
voulu faire un tour dans le cimetière et tu es la seule
à m' accompagner, les autres courraient insouciants mais
pas toi, ma Julie. A chaque fois que nous passions une tombe
tu voulais savoir le nom de la personne disparue. tu me posais
des questions sur Dieu, tu voulais connaître Jésus.
Je t' ai demandé si tu voulais aller au cathéchisme...
Tu étais heureuse, j' avais compris ton désir.
Mais, tu n' as pas eu le temps...Tu es comme ça ma Julie,
très mûre pour ton âge, te posant des questions
sur notre venue sur terre, tu
étais
inquiète, je le voyais bien...mais comment imaginer qu'
il pourrait t' arriver quelque chose... Tu te refermais, étais
triste lorsque tu quittais la maison. Tu pleurais parfois pour
aller à l' école. Je n' ai rien compris, je te
secouais, te poussant vers les autres mais je voyais bien que
tu te refermais encore plus...
Je t' ai câliné davantage pour te montrer tout
mon amour. Nous avons une relation très fusionnelle toute
les deux, nous nous ressemblons beaucoup...
Mais
ça n'a pas suffit...
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Fin
mai tous les six au lac de Vassivière
Juin
2003, la fête de l' école
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Tu
préfères la mer...moi aussi ma chérie.
Mes
37 ans, papa et Edu étaient venus passer quelques jours
avec nous. Tu était contente qu 'ils soient là
pour te voir à la fête de l' école.
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Pendant
les vacances nous sommes allés deux semaines en Auvergne,
chez mémé. Nous sortions souvent ; au Pal, au
Puy De Dôme..
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Vous
vouliez un chat depuis un moment, nous avons cherché dans
les petites annonces. Prés de chez maman, une petite chatte
était à prendre. Cet après midi là,
Léa était souffrante et nous sommes allés
la chercher Félix, toi et moi. Elle était très
peureuse et remplie de puces. J' ai hésité avant
de l' emporter mais toi, ma Ju, tu sautillais, m'implorais de
la prendre. J'
ai pas pu résister et nous sommes partis...
Pupuce ton chat!
Pupuce faisait
partie de la famille et il s' avère qu 'elle est super
mignonne, douce et câline comme toi ma Juju. D' ailleurs
c' est sur ton lit qu 'elle vient chercher les câlins comme
quand tu étais là. Elle ronronne comme si tu étais
là..
Jouer avec
Pupuce te redonnait ton joli rire, ça faisait un moment
que je ne t' avais pas vu si gaie. Qu' est-ce qu' on a pu rigoler
cette journée là... On en parle toujours à
la maison. |
Il
fallait penser à la rentrée des classes. Depuis
quelques mois tu suivais des cours d' orthophonie car tu étais
dyslexique. Tu maîtrisais pas tout à fait la lecture
et Emmanuelle, ta maîtresse, nous a proposé de
te garder dans sa classe pour terminer ton CP et faire ton CE1.
Ta tumeur grossissait (mais nous ne le savions pas) et paradoxalement
tu faisais des progrès tous les jours. Tu voulais des
résultats et tu te battais encore plus chaque jour.
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Avec
tonton Didier
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Et
Tatie Marie-Line
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Tes
dernières photos, pour les 60 ans de mon oncle,( tonton
Titou) le 8 novembre 2003. Tu ne sortais plus sans tes lunettes,
tu souffrais beaucoup. Onze jours avant ton envol.
Tu
as commencé à vomir de temps en temps début
octobre 2003. Le médecin disait que c' était psychologique
car ta petite sœur Margaux venait d' intégrer l' école.
Tu as manifesté des céphalées matinales suivies
par ces vomissements. Le médecin pensait que tu étais
fatiguée car tu te faisais désensibiliser, tu avais
des allergies aux acariens, pollens et moisissures.
Nous
avons consulté à plusieurs reprises des médecins
différents jusqu'au jour du 5 novembre, notre médecin
traitant de l' époque nous a conseillé d' aller
aux urgences au CHU de Limoges. Nous sommes parties, le médecin
a trouvé ton examen normal mais nous a donné un
rendez-vous pour passer un scanner le mercredi suivant, en hospitalisation
de jour.
J'
étais
assez confiante car tu ne perdais pas l' équilibre et je
trouvais que tu allais un peu mieux malgré la perte de
tes 3 kilos en un mois. Je me trompais et cette semaine pour toi
fut terrible. Des vomissements à répétition,
des maux de tête à te taper contre les murs et juste
de l' aspirine pour te calmer... J' ai sous-estimé ta souffrance,
je m' en veux...! Pardonne moi ma puce...
Ce
mercredi 12 novembre 2003 après une matinée d' attente
interminable, le médecin est entré, a fait sortir
la maman de la petite fille hospitalisée à côté
et m' a annoncé cette horrible chose.
"Le
scanner est mauvais, on voit une grosse masse".
Je
me suis écroulée en pleurs sur toi, j' avais compris…
(Maman a travaillé en neurochirurgie chez l' enfant à
l' hôpital de Caen et je connaissais ce mot «Masse
». Dans les yeux de maman j' avais capté son inquiétude.
Elle semblait pessimiste.) Je n' ai eu aucun courage, j' étais
à côté de ma vie, j' étais paralysée.
Je pensais: "Non! pourquoi, pourquoi Julie ma fille si douce,
si gentille, si complice avec moi, si câline avec moi ?
Pourquoi lui infliger cela ? Prenez ma vie si vous voulez mais
pas ma petite fille".
Depuis
quelques jours tu souffrais des yeux, tu louchais et restais en
permanence avec des lunettes de soleil. J' ai prié le docteur
de te ramener à la maison, c' était ok avec l' accord
de l' ophtalmologue mais nous devions te ramener le soir même.
Je ne me rappelle pas avoir pu conduire cette après midi
mais nous sommes arrivées sans encombre à la maison
à 40 kms de l' hôpital où nous attendait maman,
(venu d'Auvergne à la hâte pour s' occuper des enfants.)
J' ai pris maman à part pour l’implorer de ne pas
pleurer devant toi car elle savait le drame qui se déroulait.
Tu as eu le temps de prendre ton bain avec ta petite sœur.
Tu
étais bien !
Stéphane
est arrivé du travail . Il est parti avec toi à
l' hôpital car moi je me suis effondrée. Impossible
de te soutenir et je suis restée pour "digérer"
. Le médecin m'a donné de quoi tenir le coup. Dès
12h le lendemain, j' étais près de toi pour remplacer
Stéphane qui partait travailler.
L'IRM
était déjà passé suivi d' analyses...
Tu était atteinte d' une tumeur maligne qui s' avéra
être un Médulloblastome au stade IV (tumeur cérébrale).
Ces quelques derniers jours étaient paisibles. Tu avais
des traitements pour calmer ta douleur (morphine, ...) Tu étais
bien, tu te croyais guérie. Léa venait te voir dès
qu 'elle pouvait pour jouer avec toi ainsi que mémé.
Ma sœur Claudine, tatie Coco, est venue de Caen pour nous
soutenir. Elle a passé la plupart de son temps avec toi,
te faisant jouer, rire... (merci ma Clau) Je m' occupais de tes
soins, tu ne voulais que moi, mais je n’en pouvais plus.
Il
fallait t' opérer dès le lundi matin.
Tu
t' es un peu réveillée, en salle de réveil
tu m' as donné la main, a vu notre présence... Tu
présentais une paralysie côté gauche mais
tu étais vivante, près de nous....
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Je
ne peux pas continuer...,Papinou finira de raconter ta souffrance,
tes derniers moments avec nous...
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Lundi
en fin d' après midi, enfin tu sors de la salle d' opération
où tu es restée depuis le matin. Nous sommes autorisés
à aller te voir en salle de réveil. Là dans
un semi réveil tu as balbutié quelques paroles incompréhensibles
et tu as saisi la main de maman. Après un temps qui nous
a paru une fraction de seconde tu t' es rendormie. Ensuite nous
remontons avec toi en salle de soins intensifs. Nous restons à
coté de toi à guetter la moindre de tes réactions
pous nous rassurer. Mais toi, tu ne te réveilles plus à
partir de cette nuit là. Nous ne le savions pas encore.
Sur les conseils des médecins nous décidons de te
laisser et nous rentrons à la maison.
Mardi après une nuit agitée, je me lève vers
4 h du matin afin d' aller passer un peu de temps avec toi avant
de reprendre le travail. J' arrive près de toi vers 5 h
30. tu dors paisiblement et l' équipe de nuit me fait un
résumé de la situation. Nuit sans problème
et tout semble bien se présenter, l'équipe m' annonce
que tu t' es réveillée vers 5h peu de temps avant
mon arrivée et que tu as réclamé maman. Oui
je regrette de ne pas avoir passé la nuit près de
toi pour être là au moment de ton réveil.
Pour te tenir la main et te rassurer. Cela a du être terrible
pour toi de te réveiller dans ce lieu sans personne pour
te tenir la main...
Moi je te découvre paisible, endormie profondément
avec un visage serein et je pense à ce moment que tout
va pour le mieux. Je suis bien loin de m' imaginer que les prochaines
24 heures seront les plus pénibles de toute ma vie jusqu'à
ce jour. Je reste auprès de toi à te tenir la main,
te parler de temps en temps en espérant un signe de toi
et je te quitte vers 7 h pour aller au travail. Je reviendrai
te voir à midi.
Midi, je reviens te voir, je découvre maman à côté
de toi. Je lis dans ses yeux une grande inquiétude car
tu ne t' es pas réveillée depuis le matin malgré
toutes les tentatives des médecins. Les seuls sons qui
sortent de ta bouche sont des râles. Je sens que l' atmosphère
est tendue et que l' équipe de réanimation n' affiche
plus le même optimisme que le matin. Je décide de
rester avec maman à côté de toi. Commence
une longue après midi d' angoisse a surveiller le moindre
fait et geste, le moindre signe sur les écrans. Vers 16
h30 je remarque que ton taux d'oxygenation chute. Nous alertons
l' infirmière. A voir son visage je comprends qu' il se
passe quelque chose de grave. L' infirmière nous demande
de quitter la salle de soins et d' attendre dans le couloir. Nous
demandons à voir le médecin mais tous le monde s'
affaire autour de toi. Je ne sais plus comment mais nous nous
retrouvons dans le bureau du chirurgien qui t'a opéré
la veille. Il nous donne des informations sur le déroulement
de ton opération et de la journée qui vient de s'écouler.
Nous lui faisons part de notre inquiétude sur les événements
qui viennent de se passer, mais tu lui as pas laissé le
temps de nous débiter ses propos rassurants qui sont de
mise dans de telles circonstances, nous sommes dérangés
par un coup de téléphone de la réanimation.
Le visage du chirurgien se décompose, il raccroche et nous
annonce que tu fais un oedème cérébrale.
Il faut te réopérer d' urgence. Tout s' écroule
autour de nous, nous sentons que nous sommes en train de te perdre
et nous sommes impuissants. Tels des zombies, nous errons dans
les couloirs en attendant ta sortie de la salle d' opération.
Vers 20 h, tu remontes de la salle d' opération accompagnée
du chirurgien qui nous prend à part pour nous expliquer
qu' il a fait tout son possible et que maintenant il faut attendre
pour voir l' évolution de ton état. Sur ce, au revoir,
désolé, bon courage il tourne les talons et s' en
va. Nous remarquons même pas son manque d' humanité
qui nous choquera plus tard.
Nos pensées vont exclusivement pour toi et nous retournons
auprès de toi. Maman ne tient plus, elle ne supporte plus
de te voir dans cet état, elle décide de rentrer.
Je reste auprès de toi et commence une longue nuit d' horreur.
Toute la nuit j' ai suivi l' équipe de réanimation
courir après la montre pour te maintenir en vie, mais le
processus était en marche et minute après minute,
heure après heure je suis témoin de tes derniers
instants. Les médecins se battent pour maintenir ta tension.
3 h du matin, je tombe de sommeil, je vais m' allonger un peu.
5 h je me réveille en sursaut et je file auprès
de toi, je découvre que ta tension est toujours plus basse.
Le médecin de nuit vient me parler et je comprends dans
son discours qu'il faut se préparer au pire. Les heures
qui suivent ne sont pas restées dans ma mémoire,
mon corps était présent mais mon esprit n' était
plus. J' ai du rester figé à côté de
toi à te tenir la main, te parler mais dans un état
second.
Vers 7 h ce mercredi, j' ai appelé maman en lui disant
de venir le plus vite possible car je sentais bien que la fin
était proche.
Les médecins ont pratiqué un electro encéphalogramme
qui s' est avéré plat.
Comme le veut le protocole ils ont pratiqué un deuxième
examen qui a confirmé le premier. Le médecin de
service vient nous annoncer ton état de mort clinique en
pleurs.
Stéphane
arrêtera là....
Mon amour, je t' ai abandonné dans tes derniers instants
mais je crois je j' étais près de toi au moment
de ton envol, papa était là aussi. Je te demande
pardon, je ne savais plus....J'avais oublié tous ces horribles
moments, te voir souffrir, je ne le supportais pas...Pourquoi
avons nous écouté les médecins et t' avons
laissé seule la nuit suivant ton opération. Nous
étions si mals...Tu m' as réclamé et je n'
étais pas là. Mon coeur, je t' aurai donné
ma vie, personne ne peut imaginer comme ton absence est intolérable
pour nous... c' est si dur sans toi. J' aspire à croire
que tu es heureuse, c' est la seule chose qui me fait tenir ici
bas. Je t' aime tellement.
Julie
fut débranché suite à notre accord....Nous
l' avons ramené chez nous, chez elle...
Il
fallait le raconter, ces horribles moments font partie de sa vie.
Le cancer a emporté notre amour...
.. |
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